Dinde Halal

Les nouveaux obscurantistes de l'université

Un conte narré par cette chère Rasade

cette chere rasade
Baba au rhum et les quarantes vol-au-vents

On a aujourd'hui le plaisir d'écouter cette chère Rasade, auteur de contes célèbres tels que Dinde Halal ou encore Baba au rhum et les quarantes vol-au-vents, qui ne manquent jamais de ravir petits et grands. L'histoire qui va vous être contée porte sur le savoir au prise d'un mal terrible qui ne dit pas son nom. Alors hâtez-vous de vous munir de votre meilleur Earl Grey Lipton® et laissez vous emporter par la voie douce et suave de notre conteuse favorite !

"Il était une fois une bande de dégénérés désireux d'imposer leur religion de merde partout où ils passaient. On les surnommaient les "wokes". Mais gare à quiconque oserait prononcer le verbe sacrilège ! En place de "woke", il conviendra donc, par prudence, de dire : "Woke, Opinions Ki n'Existent", ce qui donne en abrégé... WOKE !

Le wokisme, ou l'art du déni

Le souci avec le wokisme ("Woke, Opinions Ki n'Existent-isme" je rappelle), c'est que ceux qui défendent cette idéologie ne s'en revendiquent pas. Tenter de débattre avec ces énergumènes se solde immanquablement par un n-ème pamphlet contre l'"esstremedroâte", quand ce n'est pas une réduction ad hitlerium de l'adversaire. Après tout, il s'agit simplement d'œuvrer pour l'égalité, n'est-ce pas ? Et qui oserait s'opposer aux combats pour l'égalité ?

Au cours de cet épisode du podcast Répliques, Alain Finkielkraut et Anne Toulouse ont eu le privilège de (tenter de) communiquer avec un dénommé François Cusset, archétype parfait du SJW empêtré jusqu'au cou dans ses contradictions. Cela n'aura d'ailleurs pas échappé à l'Observatoire du Décolonialisme, qui nous en a concocté une analyse aux petits oignons. Je ne m'aventurerais pas à détailler davantage les innombrables sophismes de ces discours (l'article précédent le fait déjà très bien), mais je tenais quand même à m'attarder sur une anecdote évoquée par M. Cusset, à propos de la censure de la BD Maus dans les écoles américaines par les militants conservateurs.

Il est vrai qu'on ne peut tolérer une telle censure abusive. Cependant, il convient de ne pas se focaliser sur un détail de l'image et de considérer le tableau dans son intégralité.

eve hors contexte
Euuuh...
la création d'eve, michel ange
...ah okay mdr.

Recontextualisons les choses, donc : il faut savoir qu'aux USA, la gangrène progressiste a finit par atteindre l'école, à coup de délirs racialistes, de séances d'"éducation sexuelle" borderline pédophile ou encore d'enrôlement au lobby LGBTQI+ (ce ne sont que quelques exemples, mais les témoignages abondent sur le net). La censure de la BD de Siegelman résulte donc d'une contre-offensive de l'Amérique conservatrice face à l'entrisme des idéologies woke dans les salles de classes. Sauf qu'aux States, comme chacun le sait, on ne fait pas dans la dentelle.

Il ne faut pas non plus croire que les conservateurs détiennent le monopole de l'hystérie littéraire. Cette célèbre affaire canadienne en témoigne : une dénommée Suzy Kies, auto-proclamée autochtone — ce qui accessoirement n'est qu'un éhonté mensonge — est parti en croisade contre les albums d'Astérix, au prétexte qu'ils véhiculeraient des stéréotypes oppressif à l'égard des peuples autochtones. Après tout, il n'y a aucun mal à incinérer des œuvres véhiculant des idées dangereuses, n'est-ce pas ?

À croire que les censeurs républicains ne bénéficient pas de la même indulgence que leurs homologues libéraux.

Il est fort probable que vous n'ayez jamais eu vent de ces évènements. La raison en est simple : ces sujets sont majoritairement relayés par des médias conservateurs, tels que Fox News, The Daily Wire ou encore le compte Twitter Libs of TikTok, souvent réputés peu fiables voire conspirationnistes. Cependant, ce n'est pas parce qu'on est en disenssus avec leur ligne éditoriale que les sujets abordés ne méritent pas d'être évoqués. On peut tout à fait dénoncer les dérives d'un bord politique tout en s'opposant aux dérives du bord opposé, un principe qui semble malheureusement échapper aux dictateurs de la morale tels que François Cusset. Mais ne rêvons pas trop tout de même : si les discours woke continuent à proliférer, c'est qu'ils capitalisent sur cette polarisation du discours politique.

Pour poursuivre dans les olympiades du déni, un dénommé Dorian Guinard, maître de conférence à l'IEP Grenoble, avait déjà compétionné lors d'un épisode des Contrariantes animé par Peggy Sastre et Laetitia Strauch-Bonart, intervention que l'on peut résumer ainsi :

les contrariantes wojak
Je trouve ces wojaks particulièrement appropriés...

Encore une fois, on ne peut qu'admirer le calme la résilience dont font preuve nos deux gai-luronnes face au tentative grotesque de l'invité de préserver la réputation de l'école. En adoptant la politique de l'autruche, Science po ne fait que confirmer son inaptitude à gérer les crises, ainsi que son évidente complaisance face aux idéologies identitaires.

D'ailleurs, Vanessa a mené elle-aussi sa propre interview, que j'ai l'honneur de vous dévoiler en exclusivité :

On a demandé a un woke : "Que voyez-vous sur cette image ?"

elephant

"Je vois une végétation touffue : de l'herbe, des palmiers, ce qui évoque la jungle — serait-ce l'Afrique du Sud ? Je vois un grand ciel bleu, il a l'air de faire très chaud ici, il ne faudrait pas oublier sa casquette... ni sa crème solaire, eeeeh oui ! La civilisation semble relativement peu présente, c'est rassurant de savoir qu'il existe encore des zones du globes épargné par le système capitaliste...

...

... Que dites-vous ?... Ah bon ?... Mais enfin, je ne vois rien de tel ! C'est la meilleur celle-là ! Un "éléphant", on aura tout vu. Je trouve hallucinant la capacité des bigots complotistes à inventer des trucs qui n'existent pas. D'ailleurs, je lis régulièrement Médiapart, et je peux affirmer avec certitude que jamais il n'y a été fait mention d'un quelconque éléphant. De plus, il n'existe aucune étude scientifique prouvant que l'éléphant dont vous semblez être étrangement obnubilé existe. Et puis, tiens... voilà ! Devinez-qui partage la même vision que vous ?

marine le pen voit un elephant

Je le savais. JE LE SAVAIS ! C'est bien la preuve que voir un éléphant, c'est faire ouvertement le jeu de l'extrême-droite. L'éléphant est un symbole de ralliement fasciste ! Il faut faut être littéralement Hitler pour voir un éléphant !

Recherche scientologique

Mais Science po ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, et témoigne la dernière polémique en date. Leonardo Orlando et Peggy Sastre étaient censés donner un séminaire intitulé "Biologie évolution et genre", dont le curriculum de l'école s'est très mystérieusement retrouvé amputé. Ben voyons.

sciene po distracted boyfriend

Pour ceux au fond qui roupillait pendant ces dix dernières années, une petite explication s'impose. Les gender studies partent du postulat que le genre est une construction sociale : si il existe des différences comportementales entre les hommes et les femmes, c'est que depuis le plus jeune âge, on conditionne les individus à rentrer dans des stéréotypes de genre, ce qui explique par exemple les disparités professionnelles dans les domaines scientifiques. À contrario, les thèse évolutionnistes abordent ces différences comportementales entre les sexes via la biologie, ce qui vient fatidiquement contredire les premières. Face à l'impossibilité manifeste de réconcilier les deux approches, mieux vaut donc balayer sous le tapis les théories qui remettent la doctrine en question. C'est logique, n'est-ce pas ? Hein, c'est logique ?

Lorsque la science se subordonne à l'idéologie, cela engendre parfois des résultats hilarants. En 2007, Priscille Touraille, spécialiste en anthropologie, soutenait une thèse expliquant le dimorphisme sexuel entre les hommes et les femmes (i.e. la différence de taille) par le fait que pendant la préhistoire, les hommes s'octroyaient la plus grande part de viande tandis que les femmes devaient se contenter de leurs restes. Une découverte scientifique révolutionnaire, relayée par la grande majorité d'une certaine presse de gauche que l'on ne présente plus à force, et largement soutenue par Françoise Héritier, anthropologue et militante féministe (sic). J'en connaît une qui aurait mieux fait de prendre sa retraîte plus tôt.

francoise heritier a la retraite

Évidemment, les anthropologue un tant soit peu sérieux tombèrent collectivement de leur chaise. Les thèses de Touraille, ironiquement surnommées "patriarcat du steak" par Peggy Sastre, furent allègrement démystifiées et moquées. De cette bévue le monde académique retiendra une précieuse leçon : on ne fait pas de science avec du militantisme...

...Mais non je déconne, abrutis ! Ça n'a fait qu'empirer depuis ! Pourquoi diantre se remettre en question quand on peut s'engouffrer toujours plus profond dans les dérives sectaires ? Pourquoi regarder la réalité en face quand on peut se vautrer à corps perdu dans le déni ? Vous pensez peut-être à ce stade qu'on a touché le fond ? Naïfs que vous êtes, nous venons à peine de gratter la surface, alors accrochez-vous.

Passe-moi le cancel

On peut se demander comment ces dérives peuvent être sujettes à si peu de contestation. Il convient de se pencher sur cette notion tant sujette à contestation, l'arme la plus redoutable des dictateurs de la bienpensance, à savoir le cancelling. Pour cela, intéressons-nous à l'un des cas les plus emblématiques de cette culture aux effets hautement pervers.

Roland Fryer est un véritable symbole de la méritocratie : ayant démarré au plus bas de l'échelle sociale, élevé par un père alcoolique, il parvient à échapper à la délinquance par le biais des études, présentant des facultés hors du commun. À 21 ans, il décroche un doctorat en économie. Ses recherches visent à comprendre les inégalités raciales au États-Unis sous un angle socio-économique. Ses travaux sensationnels l'amène aux portes de l'une des universités les plus réputées des États-Unis, Harvard. À ce moment-là, Fryer ignorait qu'il mettait le pied en terrain conquis, et qu'il allait en payer le prix fort.

Les gardiens du temple de la connaissance portent le nom de Lawrence Bobo et Claudine Gay. Notez dans un premier temps que si on met leur nom bout à bout, ça fait "bobo gay", et c'est vachement drôle. Ensuite, ces deux enseignants réputés de Harvard, très probablement pistonnés par papa/maman, sont spécialisés dans les Ô combien fameuses race studies. Des "nègres domestiqués", pour reprendre l'expression houleuse de Glenn Loury. À ce stade du récit, je suis persuadé que vous voyez venir le drama gros comme un éléphant. Mais c'est moi qui raconte, enculés, alors fermez vos gueules.

lawrence bobo et claudine gay version suicide squad
Photo de Lawrence Bobo et Claudine Gay posant devant Harvard

En effet, nos deux compères n'entendaient pas se laisser marcher sur les pieds par un petit génie désireux de remettre en question leur sacro-sainte idéologie travaux de recherche rigoureux. Ainsi, l'une des assistantes de Fryer, guidée exclusivement par son libre-arbitre et pas influencée du tout par quelque autorité que ce soit bien sûr, lança une trentaine d'accusations de harcèlement sexuel à son égard, qui s'avéreront a posteriori montées de toute pièce pour la plupart. Je dis bien pour la plupart, car certains griefs seront retenus contre lui malgré tout : Fryer se voit ainsi accusé d'avoir flirté avec quelques membres du labo, attitude strictement prohibée en vertu du Titre IX — qui interdit aux membres d'un même labo d'entretenir des relations extra-professionnelles afin d'éviter les traîtements de faveur, mais qui a largement été instrumentalisé par les SJW afin de servir leurs intérêts. Un comité universitaire sera rassemblé afin de statuer sur sa sentance. Et par le plus pur des hasards, qui prendra part au comité ? Lawrence Bobo et Claudine Gay, bien sûr ! Résultat : Fryer perd son labo, et se voit contraint d'abandonner ses recherches. Son assistante de recherche, Tanaya Devi, dénonce un "meurtre de sang-froid".

Vous comprenez donc mieux à présent l'origine de toutes ses studies aux thématiques toutes plus farfelues les unes que les autres : des universitaires soucieux de leur petite réputation, et capables des stratagèmes les plus fourbes pour parvenir à leurs fins. Il est d'autant plus navrant de savoir que ce cancer a réussi à se propager de l'autre côté de l'Atlantique, métastasant une grande partie de la recherche en sciences sociales.

Le cas Roland Fryer est loin d'être isolé. Voici quelques exemples en vrac :

Bon, je continue ou ça va aller ?

Science en caoutchouc

On ne va pas se mentir : les sciences dures semblent relativement épargnées par la frénésie déconstructiviste. Exception faite bien sûr des innombrables tentatives d'y "promouvoir la place des femmes" à coup de quotas et de sempiternels séminaires sur l'équité et l'inclusivité. Mais ce n'est pas cela dont je parle. Les sciences dures reposant sur des fondations extrêmement solides, il paraît inenvisageable que l'on puisse remettre en question leur légitimité, n'est-ce-pas ?

ludmilla franz liszt cringe

En 2016, des étudiants de l'université de Cape Town en Afrique du Sud ont proposé de "décoloniser les sciences", sous prétexte que les sciences physiques ne sont qu'une construction de la civilisation occidentale visant à opprimer les populations noires. Non, il ne s'agit pas d'une parodie. Je vous laisse donc apprécier ce sketch digne des Inconnus :

Ce spectacle loufoque n'aura pas manqué de faire réagir la toile, notamment via le hashtag #ScienceMustFall.

science must fall

Allons bon, tout ça n'est pas sérieux. Distrayant, tout au plus. Mais on ne peut s'empêcher de se demander : vu la quantité d'inepties propagées via la recherche universitaire, n'est-ce pas une question de temps avant que les chercheurs se mettent à prendre ce genre de délire mystique en considération ? Dans la mesure où la sensibilité de l'étudiant fait foi, conduisant à nier l'existence du sexe biologique en fac de médecine, ne risque-t-on pas de voir les dérives obscurantistes triompher sur la rationnalité scientifique, au nom de l'équité et l'inclusivité ?

Conclusion

C'est la merde... Non, enfin oui, c'est la merde à ce niveau-là aussi, mais là je viens de réaliser que c'est l'heure de mon cours de squash et que je vais encore être à la bourre, putain ! Bon, écoutez, je ferai la conclusion demain parce que je suis pas votre boniche non plus. Allez allez, bisoooou je manvol !"


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